Les millésimes de Bordeaux : Une invitation à la découverte gustative

Les vins de Bordeaux ont besoin de beaucoup de temps pour mûrir et atteindre leur plein potentiel. La durée de vieillissement varie d’une année à l’autre et d’un domaine à l’autre. La couleur du vin est révélatrice du millésime, les couleurs plus foncées reflétant une année plus chaude. La façon dont le vin adhère au verre révèle son degré d’alcool.

1945

Lorsque les forces alliées ont libéré Bordeaux, de nombreux domaines avaient grand besoin d’un bon millésime. Les vins de 1945 sont raffinés, fermes et concentrés, avec un potentiel de vieillissement impressionnant.

L’année est surtout connue pour l’emblématique Mouton Rothschild 1945, qui commémore la victoire des Alliés lors de la Seconde Guerre mondiale. Mais ce fut aussi un millésime extraordinaire en soi. Une forte gelée hivernale a réduit les rendements de façon naturelle, ce qui a donné aux vins une concentration intense.

1947

Après une année 1945 difficile, les vendanges ont été bonnes avec un rendement moyen. Les vins sont pleins de saveur, robustes avec des tannins ronds qui se sont adoucis avec le temps.

Nous avons bu un délicieux Cheval Blanc de 1947, qui s’est avéré être l’un des meilleurs millésimes de cette propriété au cours des dernières décennies. Parmi les autres moments forts, citons le divin Chambolle-Musigny Village du Domaine R. Clerget, qui se révèle d’une grande élégance et d’une grande sérénité.

1962

C’est une année difficile qui donne des récoltes importantes et des vins de qualité moyenne. Les diverses maladies de la vigne et le froid ne permettent pas d’atteindre la pleine maturité. Mouton Rothschild est promu premier cru et un scandale de négociants entraîne des erreurs d’étiquetage sur de grandes quantités de vin.

Une très bonne année pour les rouges, produisant des vins équilibrés et élégants qui vieilliront bien. C’est aussi une grande année pour les Sauternes et les Barsac avec de magnifiques bouteilles de Ch Yquem.

1964

Une année de sécheresse qui a produit des vins ultra-concentrés. Les meilleures bouteilles sont devenues légendaires et constituent un superbe investissement.

Mouton-Rothschild a créé une étiquette spéciale pour célébrer la victoire de la Seconde Guerre mondiale, toujours d’actualité.

Une année difficile, avec des vins peu exceptionnels après un printemps pluvieux et un été maussade marqué par l’oïdium. Seuls quelques producteurs de la rive droite ont excellé.

1966

Ce fut un grand millésime pour les vins rouges de Bordeaux et l’un des meilleurs de la décennie. Les vins doux de Sauternes ont également été superbement élaborés.

J’ai récemment dégusté 111 crus classés de ce millésime lors d’une impressionnante dégustation verticale organisée par Tawfiq Khoury. Ces vins ont la structure nécessaire pour bien vieillir. Ils sont mûrs, équilibrés et nuancés. Ce sont des vins de Bordeaux classiques.

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1967

Cette année-là a été difficile pour de nombreux vins rouges de Bordeaux, mais ceux qui ont pu mûrir leurs fruits à la perfection présentent des caractéristiques vraiment impressionnantes. Les vins sont profonds, riches et tanniques, avec des taux d’alcool élevés et une longévité impressionnante.

Les grands vins de cette année seront appréciés pour leur complexité et leur élégance. C’est un millésime pour les amateurs de claret classique.

1968

Les vins de Bordeaux sont corsés avec des arômes de cassis et de prunes ainsi que des notes terreuses comme le gravier mouillé et la mine de crayon. Ils ont des tanins élevés qui peuvent être piquants et assécher la bouche.

Traditionnellement, les vins de Bordeaux sont issus de l’assemblage de cabernet sauvignon, de merlot et de petit verdot. Les vins sont généralement richement structurés et peuvent vieillir pendant des décennies. Selon le millésime, ils peuvent également présenter un caractère fruité.

1970

Le krach boursier du 24 octobre déclenche la misère financière qui va bouleverser le vignoble bordelais. Les vendanges commencent le 20 septembre et produisent une petite récolte de vins de qualité médiocre.

Le vigneron Emile Peynaud a consulté de nombreux châteaux et caves du Nouveau Monde, préconisant des vendanges plus tardives pour faire mûrir les arômes et assouplir les tannins. Il préconise également une fermentation à température contrôlée et des caves d’une propreté irréprochable. Ces progrès ont conduit à une évolution vers des styles plus doux, tant à Bordeaux que dans le Nouveau Monde.

1973

C’est une bonne année pour les vins de Bordeaux, en particulier sur la rive droite où le merlot prospère. St Emilion, Pauillac et Pomerol se distinguent par des vins opulents et soyeux, d’une profondeur et d’une structure tannique impressionnantes.

Le scandale de Winegate s’est produit en juin lorsque des inspecteurs de la qualité ont visité les caves de Cruse sur les conseils d’un informateur. Deux millions de bouteilles ont été falsifiées, un scandale qui a conduit à des mesures plus strictes en matière de production de vin.

1975

Année difficile mais avec de grands vins, notamment à St Emilion et à Pauillac. Les vins sont opulents et soyeux, avec des tanins intenses et un bon potentiel de vieillissement.

C’est un millésime que les traditionalistes adoreront pour sa précision et son acidité vive. C’est une année qui favorise les vins avec une plus grande proportion de cabernet sauvignon et de franc.

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